Il me tombe du temps
mes épaules en poussière
gardent la trace des ailes
tout compte fait rien ne s'efface
Je suis souvent plus vivant que mon corps
mais je marche marche ça je sais
je ne préfère pas l'eau
je ne sais de la nage que le mots
Je pourrai être montagne
ou peut-être la pierre
de la montagne
Celle qui voyage
rivières rivières
mer
et s'échoue sur le sable
miraculée de tant du temps
Celle qui brille d'un premier soleil
et du reflux des eaux
Mais non peut-être plutôt
être
un
arbre
d'où donc je viens
de son feuillage de lumière
les branches sans cesse
accrochées aux nuages
Depuis petit enfant j'imagine
toujours cette amoureuse
les pieds mouillés de rosées
la bouche humide
enlaçant l'arbre
et dedans ses yeux ouverts
la danse de nos sexes invisibles
Sûrement que les arbres rêvent
Sûrement que je retrouverai
un jour ou une nuit
mes ailes.