J'irai chercher les eaux du torrent de mes enfances

tant à couler des bruits de bottes et de chaussons

Les chansons à mugir des pères et mères

les musiques à rugir dans les airs du temps

Les mondes noirs des nuits

et cette lumière dans les interstices des rêves

Toutes ces journées vécues à vouloir grandir quelque chose

Le feu des rires des enfants et les sourires des arbres

S’enivrer des eaux du ciel et des vins des terres

Je sais tellement être tendre pour les animaux

et les amours éphémères

J'ai la déraison des silences

et les noeux des noeux des ventres

Et puis le soleil se lève et se couche sur la raison

L'air étouffe mes voix et je crie aux vents

J'ai marché sur les lames blanchies

J'allais me cacher sous la montagne

la tête dans le roc

pour ne pas voir mes mains tremblantes

pour ne pas voir mes mots qui saignent

de mes lâchetés et de mes désirs

Et puis ce corps lapidé des mots pierres

dans la bousculade du temps

Je suis dans une attente

La vie devient soupçonneuse du grand chambardement

Il n'y a plus de place au renoncement

Je mettrai des ailes à mes mots

qu'ils voyagent voyagent

Qu'ils trouvent une bouche et des lèvres pour dire

simplement

moi aussi je t'aime...