Faire trembler les mots

qu'ils trouvent un passage

une légère fissure

même qu'une minuscule interstice

qu'ils puissent te pénétrer

qu'ils puissent te dire

 

Cette terre gelée

déjà ce blanc immobile

ces milliers de cristaux criants aux premières lumières

ces arbres si figés et ces feuilles tombantes comme des images au ralenti

Les roux de l'automne camouflés derrière ce voile blanc du gel

 

(Je voudrais ramasser ces éclats gelés

voler cette lumière du premier matin

pour éclairer le noir de mes nuits)

 

Ce ciel enflammé du soleil couchant

Les prémices de la ténébreuse

où dansent les songes et les sorcières

 

(Je t'ai vu fuir et chaque jour un peu plus loin

tu t’emmène au bout de moi

là où je suis aveugle)

juste j'entends cette musique immense

comme écouter le cœur du monde